Prometheus

Il y a deux coups de maître dans le premier Alien de Ridley Scott. Le fait qu’on ne voit que très furtivement la bestiole (la crainte du monstre est beaucoup plus effrayante que le monstre…) et la dernière partie du film, intégralement filmée caméra à l’épaule en courant dans des couloirs obscurs. Les épisodes suivants de la saga tombent dans le film horrifico-fantastique banal et n’ont pas le moindre intérêt.

Alien, c’est un des deux seuls films que je n’ai pas pu voir entier au cinéma. J’ai dû sortir avant la fin[1]. Beaucoup trop oppressant pour mes petits nerfs. Il m’a fallu quelques diffusions à la télé, dans le confort et la sécurité de mon chez moi, pour en venir à bout.

Alien, c’est un film culte. Je ne pouvais donc pas rater Prometheus, le prequel réalisé par Ridley Scott lui-même ! (Attention, il n'y a pas vraiment de gros spoilers ci-dessous, mais si vous souhaitez arriver vierge à la projection, ne lisez pas la suite !)

Bon, ne tergiversons pas : c’est une grosse daube. L’esthétique est très réussie, la 3D est utilisée à bon escient (c’est à dire qu’elle se fait oublier), la musique est magnifique (j’aurais rêvé d’une partition aussi bien foutue pour Le Seigneur des Anneaux). Et c’est tout.

Le scénario est indigent. C’est un enfilage de clichés, un copier/coller de scènes déjà vues mille fois dans d’autres films (Alien, Abyss, Leviathan, X-Files…) : le robot androïde qui finit décapité mais qui parle toujours, les expériences militaires de biologie, le vaisseau spatial souterrain, l’alien introduit dans le corps sous la forme d’une huile noire, l’ADN qui mute, les gens qui sont morts mais en fait non pas tout à fait les revoilà ils bougent encore et ils ne sont pas contents du tout… Il n’y a aucune cohérence. Pleins de trucs arrivent comme un cheveux sur la soupe et ne sont jamais expliqués. À quoi sert la scène d’ouverture ? D’où le robot humain sait-il utiliser la technologie des « ingénieurs » ? Quelles sont les motivations de ces extra-terrestres ? Voire même : quelles sont les motivations de tous les personnages ? (Je vous épargne cinquante autres questions du même genre pour ne pas en révéler trop, des fois qu’il vous prendrait l’idée saugrenue d’aller voir ce film). Mystère. N’importe quel épisode de Lost est plus limpide.

Comme il s’agit d’un prequel, on s’attend évidemment à ce que la fin raccroche les wagons du début de la série. Pendant la dernière heure, on cherche donc, on s’interroge, on se demande comment tout ça va pouvoir finir en une colonie d’œufs d’aliens au sang verdâtre et corrosif abandonnés sur une planète déserte. On espère un twist, une révélation incroyable qui éclairerait soudainement toute la saga Alien. Eh bien vous savez quoi ? On ne le saura jamais. Il n’y a pas de twist, pas de révélation. La fin de ce film n’a aucun rapport avec le début du film suivant. Ce prequel n’explique rien, n’éclaire rien, n’introduit rien. C’est juste un banal film de SF de série B.

Il aurait fallu déconnecter ce Prometheus de l'univers d'Alien. Là, l'attente est trop forte, on est forcément déçu. J'aurais à coup sûr apprécié le même film, avec peut-être un scénario un poil plus solide, s'il avait été présenté pour ce qu'il est plutôt que si on avait essayé de me le vendre comme un prequel et comme le retour de Ridley Scott à la SF. Dommage.