Start-up

Tous ces geeks devenus milliardaires après avoir lancé une application rigolote, ça fait rêver ! Le monde regorge de start-up fondées par des gens plus ou moins illuminés qui s’imaginent pouvoir renouveler le miracle de Snapchat, Facebook ou Twitter. Et pour réaliser leurs projets, ces gens cherchent des développeurs. Alors ils me contactent.

Telle cette entreprise qui propose un nouveau concept de navigateur web. Lorsqu’en entretien d’embauche j’ai émis des réserves sur l’intérêt et l’avenir du produit, étant donnés, primo, la concurrence bien installée et secundo, le peu de valeur ajoutée de leur concept, on m’a pris de haut, on m’a ri au nez, on m’a assuré que ma vision était celle d’un technicien et que je ne savais pas me mettre à la place du marketing. En attendant, plusieurs années plus tard, je surveille encore régulièrement leur site web et devinez quoi ? Du blabla et de grandes déclarations, plein ; mais de navigateur révolutionnaire, toujours point.

Ou encore cette entreprise qui assure avoir inventé un format d’image permettant d’obtenir des taux de compression incroyables, de l’ordre de plusieurs dizaines fois supérieurs au JPEG mais sans perte de qualité, rendez-vous compte du potentiel ! À mes questions théoriques sur le principe de la chose, on m’a opposé brevet et secret industriel. À ma demande de démonstration, on m’a répondu que le système n’était pas encore tout à fait prêt. À ma remarque qu’étant donné l’état de l’art en matière de compression, je ne croyais pas qu’une telle percée puisse venir d’autre part que du milieu universitaire, on m’a baratiné avec le mythe du geek génie solitaire. En attendant, plusieurs années plus tard, je surveille encore régulièrement leur site web et devinez quoi ? Du blabla et de grandes déclarations, plein ; mais de compresseur d’image révolutionnaire, toujours point.

Ou enfin l’entreprise où je travaille actuellement et qui propose un service certes novateur et intéressant, mais qui commet la double erreur d’un management ultra-autoritaire combiné à une ignorance totale du mode de fonctionnement d’une équipe de développeurs. Quatre-vingt dix pour cent des employés restent moins d’un an et partent en claquant la porte, ulcérés par l’inefficacité des méthodes de travail, les ordres contradictoires, l’absence de visibilité. Dans plusieurs années, je surveillerai leur site web et devinez quoi ? Je parie que j’y trouverai plein de blabla et de grandes déclarations ; mais d’application terminée, point.